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histoire de la ville d’airain
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caisses à provisions de ce butin inouï, et reprirent la route de Damas, où ils arrivèrent en sécurité au bout d’un long voyage sans incidents.

Le khalifat Abdalmalek fut charmé à la fois et émerveillé du récit que lui fit l’émir Moussa de cette aventure, et s’écria : « Mon regret est extrême de n’avoir pas été avec vous à cette Ville d’Airain. Mais, avec la permission d’Allah, j’irai moi-même bientôt admirer ces merveilles et essayer d’éclaircir le mystère de cet enchantement ! » Puis il voulut ouvrir de sa propre main les douze vases de cuivre. Il les ouvrit donc l’un après l’autre. Et chaque fois il en sortait une fumée fort dense qui se muait en un éfrit épouvantable, lequel se jetait aussitôt aux pieds du khalifat et s’écriait : « Je demande pardon à Allah et à toi de ma rébellion, ô notre maître Soleïmân ! » Et il disparaissait à travers le plafond, à la surprise de tous les assistants.

Le khalifat fut ensuite non moins émerveillé de la beauté des deux Filles de la Mer. Leur sourire et leur voix et leur langage inconnu ne manquèrent pas de le toucher et de l’émouvoir. Il les fit placer dans un grand bassin, où elles vécurent quelque temps et finirent par mourir de consomption et de chaleur.

Quant à l’émir Moussa, il obtint du khalifat la permission de se retirer à Jérusalem la Sainte pour y passer le reste de sa vie dans la méditation des paroles anciennes qu’il avait pris soin de transcrire sur ses parchemins. Et il mourut dans cette ville, après avoir été l’objet de la vénération de tous les Croyants qui vont encore visiter la koubba où il repose dans la paix et la bénédiction du Très-Haut !