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histoire de la ville d’airain
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les génies à mes ordres étaient faits prisonniers, transformés en fumée et enfermés dans des vases de cuivre qui, scellés du sceau de Soleïmân, furent précipités au fond de la mer où baignent les murailles de la Ville d’Airain !

« Quant aux hommes qui habitaient ce pays, je ne sais exactement ce qu’ils sont devenus, enchaîné que je suis depuis la ruine de notre pouvoir. Mais, si vous allez à la Ville d’Airain, peut-être verrez-vous leurs traces et apprendrez-vous leur histoire ! »

Lorsque le tronc eut fini de parler, il se mit à s’agiter éperdument comme pour essayer de se désenchaîner de la colonne. Et l’émir Moussa et ses compagnons, craignant qu’il ne parvînt à se mettre en liberté ou à les obliger à seconder ses efforts, ne voulurent point stationner davantage et se hâtèrent de continuer leur route vers la Ville dont ils voyaient déjà au loin se profiler dans le rouge du soir les tours et les murailles.

Lorsqu’ils ne furent plus qu’à une légère distance de la Ville, comme la nuit tombait et que les choses d’alentour prenaient un aspect hostile, ils préférèrent attendre le matin pour s’approcher des portes ; et ils dressèrent les tentes pour passer la nuit, harassés qu’ils étaient des fatigues du voyage.

À peine l’aube première eut-elle commencé à éclaircir les sommets des montagnes à l’orient, l’émir Moussa réveilla ses compagnons et se mit en route avec eux pour arriver à l’une des portes d’entrée. Alors, devant eux ils virent, dans la clarté matinale, se dresser, formidables, des murailles d’airain, si