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les mille nuits et une nuit

Lorsque je fus arrivé à la maison, je trouvai au lit mon épouse, qui m’y avait précédé. Elle dormait déjà, et ne fit aucun mouvement de réveil. Je me couchai alors à ses pieds, et, tout doucement, je me mis à lui masser les jambes. Mais soudain elle ouvrit les yeux et froidement me donna un coup de pied dans le flanc, qui m’envoya rouler au bas du lit, par terre, et me cria : « Ô traître ! ô parjure ! Tu as manqué à ton serment, et tu t’es rendu auprès de Sett Zobéida ! Par Allah ! si je n’avais horreur de l’opprobre et horreur de livrer mon intimité, au public, j’irais à cette heure même lui faire voir, à Sett Zobéida, ce qu’il en coûte de débaucher les maris des autres femmes ! Mais toi, en attendant, tu vas payer pour elle et pour toi ! » Et elle frappa dans ses mains et cria : « Ya Saouab ! » Aussitôt apparut son chef eunuque, un nègre qui m’avait toujours regardé de travers, et elle lui dit : « Coupe tout de suite le cou à ce traître, à ce menteur, à ce parjure ! » Le nègre aussitôt brandit son épée, déchira un coin du bas de sa robe, et me banda les yeux avec le lambeau d’étoffe qu’il avait ainsi arraché. Puis il me dit : « Fais ton acte de foi ! » et se disposa à me couper le cou. Mais à ce moment entrèrent toutes les esclaves, envers lesquelles j’avais toujours été généreux, les grandes et les petites, les jeunes et les vieilles…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.