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le parterre fleuri… (adolescentes…)
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mer de cristal ou pour des montagnes de lumière. Ô pauvre cheikh ! peut-on comparer les hommes aux génies ? Ne sais-tu que les rois, les khalifats et les plus grands personnages dont parlent les annales ont été les esclaves obéissants des femmes, et ont considéré comme une gloire de porter leur joug ? Que d’hommes éminents ont courbé le front, subjugués par leurs charmes ! Combien ont tout quitté pour elles : richesses, pays, père et mère ! Que de royaumes ont été perdus par elles ! Ô pauvre cheikh ! n’est-ce point pour elles qu’on élève les palais, qu’on brode la soie et les brocarts, qu’on tisse les riches étoffes ? N’est-ce point pour elles que l’ambre et le musc sont tellement recherchés pour leur parfum si doux ? Oublies-tu que leurs charmes ont damné les habitants du paradis et bouleversé la terre et l’univers, et fait couler des fleuves de sang ?

« Mais pour ce qui est des Paroles du Livre que tu as citées, elles sont bien plus favorables à ma cause qu’à la tienne. Les Paroles sont : « Ne prolongez pas vos regards sur les jeunes garçons sans barbe, car ils ont des yeux plus tentants que ceux des houris ! » En effet, c’est là une louange directe aux houris du paradis, qui sont des femmes et non pas des garçons, puisqu’elles servent de point de comparaison. Et d’ailleurs, vous autres, les amateurs de jeunes garçons, quand vous voulez dépeindre vos amis, vous comparez leurs caresses à celles des jeunes filles ! Vous n’avez point honte de vos goûts corrompus, vous en faites parade, et les satisfaites en public. Vous oubliez les paroles du Livre : « Pourquoi rechercher l’amour des mâles ? Allah n’a-t-il point