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le parterre fleuri… (l’adolescente…)
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est d’Ibn-Sôraïj. » Alors le khalifat et les deux autres vidèrent leurs coupes, tandis que les esclaves se retiraient pour être aussitôt remplacées par dix autres chanteuses vêtues de soie écarlate, et ceintes d’écharpes écarlates, avec leurs cheveux dénoués et retombant lourdement dans le dos. Elles ressemblaient ainsi, en cette couleur rouge, à quelque pierre de rubis aux multiples éclats. Elles s’assirent sur les sièges d’or et chantèrent en chœur en s’accompagnant chacune de son luth. Et Al-Mâmoun se tourna vers celle qui brillait le plus au milieu de ses compagnes, et lui demanda : « Comment t’appelles-tu ? » Elle répondit : « Séduction, ô émir des Croyants ! » Il dit : « Alors, ô Séduction, hâte-toi de nous faire seule entendre ta voix. Et Séduction, en s’accompagnant du luth, chanta :

« Les diamants et les rubis,
les brocarts et les soieries
inquiètent peu les belles filles.
Leurs yeux sont des diamants,
leurs lèvres sont des rubis,
et le reste est la soierie ! »

Le khalifat, extrêmement charmé, demanda à la chanteuse : « De qui ce poème, ô Séduction ? » Elle répondit : « Il est d’Adi ben-Zeïd ; quant à la musique, elle est très ancienne, et l’auteur en est inconnu. » Al-Mâmoun, son frère Abou-Issa et Ali ben-Hescham vidèrent leurs coupes, et dix nouvelles chanteuses, vêtues d’étoffes d’or et la taille serrée par des ceintures d’or étincelantes de pierreries,