Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
le parterre fleuri… (le nettoyeur…)
225

« … la barre de fer doit être bien chaude pour que l’enclume gémisse tellement ! »

« Enfin le bruit cessa avec le matin, et je vis le jeune homme au marteau retentissant sortir par la grande porte, et s’en aller suivi de son escorte. À peine avait-il disparu, que l’adolescente vint me trouver et me dit : « Tu as sans doute vu le jeune homme qui vient de partir ? » Je répondis : « Certainement ! » Elle me dit : « C’est mon mari ! Mais je vais tout de suite te raconter ce qui s’est passé entre nous et t’expliquer la cause qui m’a fait te choisir pour amant ! Sache donc que j’étais assise un jour à côté de lui dans le jardin, quand il me quitta soudain pour disparaître du côté de la cuisine. Je crus d’abord qu’il était allé satisfaire quelque besoin pressant ; mais au bout d’une heure de temps, comme je ne le voyais pas revenir, j’allai à sa recherche là où je le croyais trouver, mais il n’y était pas. Je revins alors sur mes pas, et me dirigeai vers la cuisine pour demander aux servantes de ses nouvelles. En y entrant, je le vis couché sur la natte avec la servante la plus grossière, celle qui lavait les assiettes. À cette vue, je me retirai en toute hâte et je fis le serment de ne pas le recevoir dans mon lit avant que je ne me fusse vengée de lui en me livrant à mon tour à un homme de la condition la plus basse et de l’aspect le plus dégoûtant. Et je me mis aussitôt à parcourir la ville à la recherche de cet homme-là. Or, il y avait déjà quatre jours que je parcourais les rues dans ce but, quand je t’ai rencontré, et que ton aspect sale et ton odeur infecte m’ont décidée à te choisir comme l’homme le plus dégoûtant entre tous