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le parterre fleuri… (le khalifat…)
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khalifat, et qui, dans ses loisirs, se plaît à m’orner l’esprit de ses propres connaissances ! » Elle me dit : « Dans ce cas, je n’admire pas moins la sûreté de ta mémoire qui retient si exactement des détails aussi précis ! »

Tout cela ! Et moi, en sentant les parfums de nard et d’aloès qui embaumaient la salle, et en regardant cette beauté et en l’écoutant me parler des yeux et des lèvres, je me sentais à la limite du ravissement, et je pensais en mon âme : « Que ferait le khalifat s’il était ici à ma place ? Sûrement il ne se posséderait plus d’émoi, et s’envolerait d’amour ! »

L’adolescente me dit ensuite : « En vérité, tu es un homme excessivement distingué, ton esprit est orné de fort belles connaissances et tes manières sont raffinées à l’extrême. Il ne me reste plus qu’une seule chose à te demander ! » Je répondis : « Sur ma tête et sur mon œil ! » Elle dit : « Je désire t’entendre me chanter quelques vers en t’accompagnant sur le luth ! » Or moi, musicien de profession, il ne m’était guère agréable de chanter moi-même ; aussi je répondis : « Autrefois j’ai cultivé l’art du chant ; mais comme je ne suis guère arrivé à un bon résultat, j’ai préféré le délaisser. Je voudrais bien pouvoir m’exécuter, mais mon excuse est dans mon ignorance. Quant à toi, ô ma maîtresse, tout m’indique que ta voix doit être parfaitement belle ! Si donc tu voulais nous chanter quelque chose pour rendre notre nuit plus délicieuse encore ! »

Elle fit alors apporter un luth et chanta. Or, de ma vie je n’avais entendu timbre de voix plus plein, plus grave ou plus parfait, et une science si consommée