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les mille nuits et une nuit

ter des fruits, quand j’aperçus de loin, assise à l’ombre d’un abricotier, une femme qui se peignait les cheveux. Je m’en approchai aussitôt et je vis qu’elle était vieille et que ses cheveux étaient blancs ; mais son visage était parfaitement gentil et son teint frais et délicieux. En me voyant m’approcher d’elle, elle ne fit aucun mouvement pour se voiler le visage ni aucun geste pour se couvrir la tête, et continua en souriant à se démêler les cheveux avec son peigne qui était d’ivoire. Moi je m’arrêtai en face d’elle et, après les salams, je lui dis : « Ô vieille par l’âge, mais si jeune de visage, pourquoi ne pas te teindre les cheveux et ressembler alors tout à fait à une jeune fille ? Quel motif t’empêche de le faire…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA TROIS CENT SOIXANTE-DIX-HUITIÈME NUIT

Elle dit :

« … Quel motif t’empêche de le faire ? » Elle leva alors la tête, me regarda avec de grands yeux et me répondit par les vers suivants :

« Je les ai teints autrefois, mais la couleur a disparu et celle du temps est restée.

« Pourquoi les teindrais-je encore, puisque je puis,