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le parterre fleuri… (cheveux blancs)
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l’Arabe s’écria : « Par Allah ! quelle rencontre de mauvais augure ai-je faite tout à l’heure à rencontrer ce visage de goudron que j’ai vu dans le désert ! Non, par Allah ! ô émir, je ne puis laisser mes concombres à moins de trente dinars ! »

En entendant ces paroles, l’émir Moïn sourit et ne répondit pas. Alors l’Arabe le regardait, s’étant aperçu que l’homme rencontré dans le désert n’était autre que l’émir Moïn lui-même, il dit : « Par Allah ! ô mon maître, fais venir les trente dinars, car l’âne est attaché là-bas à la porte ! » À ces paroles, l’émir Moïn partit d’un tel éclat de rire qu’il tomba sur son derrière ; et il fit venir son intendant et lui dit : « Il faut compter immédiatement à ce frère Arabe d’abord mille dinars, puis cinq cents, puis trois cents, puis cent, puis cinquante, et enfin trente, pour le décider à laisser son âne attaché où il est ! » Et l’Arabe fut à la limite de la stupéfaction de recevoir mille neuf cent quatre-vingts dinars pour un sac de concombres. Or, telle était la libéralité de l’émir Moïn ! Que la miséricorde d’Allah soit sur eux tous à jamais !

— Puis Schahrazade dit :


CHEVEUX BLANCS


Aba-Souwaïd raconte :

« J’étais un jour entré dans un verger pour y ache-