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les mille nuits et une nuit

n’en demanderais que cinq cents ! » — « Et s’il te disait que c’est trop ? » — « Je demanderais trois cents ! » — « Et s’il te disait que c’est trop ? » — « Cent ! » — « Et s’il te disait que c’est trop ? » — « Cinquante ! » — « Et s’il te disait que c’est trop ? » — « Trente ! » — Et s’il te disait que c’est encore trop ? » — « Oh ! alors je ferais entrer mon âne dans son harem et je prendrais la fuite les mains vides ! »

En entendant ces paroles, Moïn se mit à rire et éperonna son cheval pour courir rejoindre sa suite et rentrer en hâte à son palais où il avisa ses esclaves et son chambellan de laisser entrer l’Arabe avec ses concombres.

Aussi lorsque, une heure plus tard, l’Arabe arriva au palais, le chambellan s’empressa-t-il de le conduire dans la salle de réception où l’attendait l’émir Moïn assis majestueusement au milieu de la pompe de sa cour et entouré de ses gardes l’épée nue à la main. Aussi l’Arabe fut loin de reconnaître en lui le cavalier qu’il avait rencontré sur la route et, le sac de concombres entre les mains, il attendit, après les salams, que l’émir l’interrogeât le premier. L’émir lui demanda : « Que m’apportes-tu dans ce sac, frère Arabe ? » Il répondit : « Confiant dans la libéralité de notre maître l’émir, je lui apporte la primeur de jeunes concombres qui ont poussé dans mon champ ! » — « Quelle bonne inspiration ! Et combien estimes-tu ma libéralité ? — « Mille dinars ! » — « C’est un peu trop ! » — « Cinq cents ! » — « C’est trop ! » — « Trois cents ! » — « C’est trop ! » — « Cent ! » — « C’est trop ! » — « Cinquante ! » — C’est trop ! » — « Trente alors ! » — « C’est encore trop ! » Alors