Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.
le parterre fleuri… (al-rachid justicier…)
171

Roi fortuné, que cette anecdote soit plus délicieuse que celle où Al-Rachid se trouve dans un cas embarrassant d’amour ! » Et le roi Schahriar demanda : « Quelle est cette anecdote que je ne connais pas ? » Alors Schahrazade dit :


AL-RACHID JUSTICIER D’AMOUR


On raconte qu’une nuit Haroun Al-Rachid s’étant couché entre deux belles adolescentes qu’il aimait également, dont l’une était de Médine et l’autre de Koufa, ne voulut pas exprimer sa préférence, quant à la terminaison finale, spécialement à l’une au détriment de l’autre. Le prix devait donc revenir à celle qui le mériterait le mieux. Aussi l’esclave de Médine commença par lui prendre les mains et se mit à les caresser gentiment, tandis que celle de Koufa, couchée un peu plus bas, lui massait les pieds et en profitait pour glisser sa main jusqu’à la marchandise du haut et la soupeser de temps en temps. Sous l’influence de ce soupèsement délicat, la marchandise se mit soudain à augmenter de poids considérablement. Alors l’esclave de Koufa se hâta de s’en emparer et, l’attirant en entier à elle, de la cacher dans le creux de ses mains ; mais l’esclave de Médine lui dit : « Je vois que tu gardes le capital pour toi seule, et tu ne songes même pas à m’abandonner les intérêts ! » Et, d’un geste rapide, elle repoussa sa rivale et s’empara du capital à son tour