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le parterre fleuri… (le sac prodigieux…)
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deux entremetteurs, un aveugle et deux clairvoyants, un boiteux et deux paralytiques, un capitaine marin, un navire avec ses matelots, un prêtre chrétien et deux diacres, un patriarche et deux moines, et enfin un kâdi et deux témoins prêts à témoigner que ce sac est mon sac ! »

Le kâdi, à ces paroles, se tourna vers moi et me demanda : « Qu’as-tu à répondre, toi, à tout cela ? » Moi, ô émir des Croyants, je me sentais bourré de rage jusqu’à mon nez. J’avançai pourtant de quelques pas et répondis avec tout le calme dont j’étais capable : « Qu’Allah éclaire et consolide le jugement de notre maître le kâdi ! Je dois ajouter que dans ce sac il y a, en outre, des médicaments contre le mal de tête, des philtres et des enchantements, des cottes de mailles et des armoires remplies d’armes, mille béliers dressés à lutter des cornes, un parc à bestiaux, des hommes adonnés aux femmes, des amateurs de garçons, des jardins remplis d’arbres et de fleurs, des vignes chargées de raisin, des pommes et des figues, des ombres et des fantômes, des flacons et des coupes, des nouveaux mariés avec toute la noce, des cris et des plaisanteries, douze pets honteux et autant de vesses sans odeur, des amis assis dans une prairie, des bannières et des drapeaux, une mariée sortant du hammam, vingt chanteuses, cinq belles esclaves Abyssines, trois Indiennes, quatre Grecques, cinquante Turques, soixante-dix Persanes, quarante Kachemiriennes, quatre-vingts Kourdes, autant de Chinoises, quatre-vingt-dix Géorgiennes, tout le pays de l’Irak, le Paradis Terrestre, deux étables, une mosquée, plusieurs hammams, cent marchands, une