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le parterre fleuri… (le sac prodigieux…)
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voici est mon sac, et tout ce qu’il contient m’appartient. Je l’avais perdu, et je viens de le retrouver à la devanture de cet homme ! » Le kâdi lui demanda : « Quand l’avais-tu perdu ? » Il répondit : « Dans la journée d’hier, et sa perte m’a empêché de dormir toute la nuit ! » Le kâdi lui demanda : « Dans ce cas, énumère-moi les objets qu’il contient ! » Alors le Kourde, sans hésiter un instant, dit : « Dans mon sac, ô notre maître le kâdi, il y a deux flacons de cristal remplis de kohl, deux baguettes d’argent pour étendre le kohl, un mouchoir, deux verres à limonade dont le pourtour est doré, deux flambeaux, deux cuillers, un coussin, deux tapis pour table de jeu, deux pots à eau, deux bassins, un plateau, une marmite, un réservoir à eau en terre cuite, une louche de cuisine, une grosse aiguille à tricoter, deux sacs à provisions, une chatte enceinte, deux chiennes, une écuelle à riz, deux ânes, deux litières de femme, un habit de drap, deux pelisses, une vache, deux veaux, une brebis avec ses deux agneaux, une chamelle et deux petits chameaux, deux dromadaires de course avec leurs femelles, un buffle et deux bœufs, une lionne et deux lions, une ourse, deux renards, un divan, deux lits, un palais avec deux grandes salles de réception, deux tentes en toile verte, deux baldaquins, une cuisine à deux portes et une assemblée de Kourdes de mon espèce tout prêts à témoigner que ce sac est mon sac ! »

Alors le kâdi se tourna vers moi et me demanda…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.