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les mille nuits et une nuit

verture des portes, pendant que Hassib, de son côté, sur l’ordre du vizir, conjurait la reine de se montrer à lui. Et soudain se produisit un tremblement qui renversa à terre la plupart des assistants, et un trou s’ouvrit par où apparut, sur un bassin d’or porté par quatre serpents à tête humaine qui vomissaient des flammes, la reine Yamlika dont le visage brillait comme l’or. Elle regarda Hassib avec des yeux pleins de reproches et lui dit : « Est-ce ainsi, ô Hassib, que tu tiens le serment que tu m’as fait ? » Et Hassib s’écria : « Par Allah ! ô reine, la faute en est au vizir qui a failli me faire mourir sous les coups ! » Elle dit : « Je le sais ! Et c’est pour cela que je ne veux point te punir. On te fait venir ici et l’on m’oblige moi-même à sortir de ma demeure pour la guérison du roi. Et tu viens me demander du lait pour opérer cette guérison. Je veux bien t’accorder la chose, en souvenir de l’hospitalité que je t’ai donnée et de l’attention avec laquelle tu m’as écoutée ! Voici donc deux flacons de mon lait. Pour opérer la guérison du roi, il faut que je t’enseigne le moyen à employer. Approche-toi donc plus près ! » Hassib s’approcha de la reine qui lui dit à voix basse, de façon à n’être entendue que de lui : « L’un des flacons, qui est marqué d’un trait rouge, doit servir à guérir le roi. Mais l’autre est destiné au vizir qui t’a fait donner la bastonnade. En effet, lorsque le vizir aura vu la guérison du roi, il voudra boire de mon lait pour se préserver des maladies, et toi tu lui donneras à boire du second flacon. » Puis, la reine Yamlika remit à Hassib les deux flacons de lait, et disparut aussitôt, tandis que la terre se refermait sur elle et sur ses porteurs.