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les mille nuits et une nuit

n’est qu’une parcelle du soleil, détachée de l’astre, et tombée ici-même autrefois. » Ils passèrent donc dans cette île une nuit magnifique, et le lendemain, ils se frottèrent les pieds avec le liquide précieux et pénétrèrent dans la sixième région maritime. Ils voyagèrent sur la Sixième Mer…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA TROIS CENT SOIXANTIÈME NUIT

Elle dit :

… Ils voyagèrent sur la Sixième Mer assez longtemps pour éprouver un grand plaisir à arriver à une île couverte d’une très belle végétation, où ils purent prendre quelque repos sur le rivage. Ils se levèrent ensuite et se mirent à se promener dans l’ile. Mais quelle ne fut point leur épouvante de voir que les arbres portaient, en guise de fruits, des têtes humaines suspendues par les cheveux ! Ces fruits à tête humaine n’avaient pas tous la même expression : les uns souriaient, les autres pleuraient ou riaient, tandis que ceux qui étaient tombés des arbres se roulaient dans la poussière et finissaient par se transformer en globes de feu qui éclairaient la forêt et faisaient pâlir la lumière du soleil. Et les deux voyageurs ne purent s’empêcher de penser : « Quelle