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AVENTURE DU POÈTE ABOU-NOWAS


Il est raconté — mais Allah est plus savant — qu’une nuit d’entre les nuits le khalifat Haroun Al-Rachid, pris d’insomnie et l’esprit fort préoccupé, sortit seul de son palais et alla faire un tour du côté de ses jardins, pour essayer de distraire son ennui. Il arriva de la sorte devant un pavillon dont la porte était ouverte, mais barrée par le corps d’un eunuque noir endormi sur le seuil. Il franchit le corps de l’esclave et pénétra dans l’unique salle dont ce pavillon était composé, et il vit tout d’abord un lit aux rideaux abaissés, éclairé à droite et à gauche par deux grands flambeaux. À côté du lit, il y avait une petite table qui soutenait un plateau où était une cruche de vin surmontée d’une tasse renversée.

Le khalifat fut étonné de trouver dans ce pavillon ces choses qu’il n’y soupçonnait pas et, s’avançant vers le lit, il en releva les rideaux et s’immobilisa émerveillé de la beauté endormie qui s’offrait à son regard. C’était une jeune esclave aussi belle que la