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les mille nuits et une nuit

Devant tant de sagacité et tant de savoir, le khalifat Haroun Al-Rachid fut édifié à l’extrême et ordonna au savant Ibrahim ben-Saïar de donner son manteau à l’adolescente. Le savant, après avoir livré son manteau, leva sa main droite et témoigna publiquement que l’adolescente l’avait dépassé en connaissances et qu’elle était la merveille du siècle.

Alors le khalifat demanda à Sympathie : « Sais-tu jouer des instruments d’harmonie et chanter en les accompagnant ? » Elle répondit : « Mais certainement ! » Aussitôt il fit apporter un luth dans un étui de satin rouge terminé par un gland de soie jaune et fermé avec une agrafe d’or. Sympathie tira le luth de l’étui, et y trouva ces vers gravés tout autour en caractères entrelacés et fleuris :

« J’étais encore un rameau vert et déjà les oiseaux amoureux m’apprenaient les chansons !

« Maintenant, sur les genoux des jeunes filles, je résonne sous les doigts et chante comme les oiseaux ! »

Alors elle l’appuya contre elle, se pencha comme une mère sur son nourrisson, en tira des accords sur douze modes différents et, au milieu du ravissement général, elle chanta d’une voix qui résonna dans tous les cœurs et arracha des larmes émues de tous les yeux.

Quand elle eut fini, le khalifat se leva debout sur ses deux pieds et s’écria : « Qu’Allah augmente en toi ses dons, ô Sympathie, et qu’il ait en sa miséricorde ceux qui ont été tes maîtres et ceux qui t’ont donné le jour ! » Et, séance tenante, il fit compter