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histoire de la docte sympathie
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yeux respectueusement baissés. Il se tourna vers Aboul-Hassan et lui dit : « Je veux à l’instant donner les ordres pour faire venir tous les maîtres de la science, afin de mettre ton esclave à l’épreuve et de m’assurer, par un examen public et décisif, si elle est réellement aussi instruite qu’elle est belle. Au cas où elle sortirait victorieuse de l’épreuve, non seulement je te donnerais les dix mille dinars, mais je te comblerais d’honneurs pour m’avoir amené une si grande merveille. Sinon, rien n’est fait, et elle reste ta propriété ! »

Puis, séance tenante, le khalifat fit mander le plus grand savant de cette époque, Ibrahim ben-Saïar, qui avait approfondi toutes les connaissances humaines ; il fit mander aussi tous les poètes, les grammairiens, les lecteurs du Korân, les médecins, les astronomes, les philosophes, les jurisconsultes et les doctes en théologie. Et tous se hâtèrent de se rendre au palais et s’assemblèrent dans la salle de réception sans savoir pour quel motif on les convoquait.

Lorsque le khalifat leur en eut donné l’ordre, ils s’assirent tous en rond sur les tapis, alors qu’au milieu, sur un siège d’or où l’avait fait placer le khalifat, l’adolescente Sympathie se tenait, le visage recouvert d’un léger voile, et que ses yeux brillaient et ses dents souriaient de leur sourire, à travers…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.