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histoire de zoumourroud avec alischar
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« Amenez-moi l’homme au riz ! » Et les gardes, habitués maintenant, reconnurent l’homme aussitôt, et se précipitèrent sur lui et le traînèrent par la barbe devant le roi qui lui demanda : « Quel est ton nom ? quelle est ta profession ? et quel est le motif de ton arrivée parmi nous ? » II répondit : « Ô roi fortuné, je m’appelle Rustem, mais je n’ai point de profession si ce n’est d’être un pauvre, un derviche ! » Elle s’écria : « À moi, le sable et la plume ! » Et on les lui apporta. Et elle, après avoir étendu le sable et y avoir tracé des figures et des caractères, réfléchit une heure de temps, puis releva la tête et dit : « Tu mens devant le roi, chien maudit ! Ton nom est Rachideddîn ; ton métier est de faire enlever traîtreusement les femmes des musulmans et de les enfermer dans ta maison ; tu professes extérieurement la foi de l’Islam en restant au fond du cœur un misérable chrétien pourri de vices. Avoue la vérité ou ta tête va sur l’heure sauter à tes pieds ! » Et le misérable, terrifié, crut sauver sa tête et avoua ses crimes et ses hontes. Alors Zoumourroud dit aux gardes : « Renversez-le et appliquez-lui mille coups de bâton sur chaque plante des pieds ! » Et cela fut exécuté immédiatement. Elle dit alors : « Maintenant emmenez-le, arrachez-lui la peau, empaillez-la avec du foin pourri et clouez-la, avec les deux autres, à l’entrée du pavillon. Et faites subir à son cadavre le même sort qu’à celui des deux autres chiens ! » Et cela fut exécuté sur-le-champ.

Cela fait, tout le monde se remit à manger en s’émerveillant de la sagesse et de la science divinatoire du roi, et en vantant sa justice et son équité.