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histoire de la docte sympathie
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rivale, et qu’elle est digne vraiment de servir notre maître le khalifat ! » Puis elle lui recommanda, en y insistant beaucoup, de bien se garder de diminuer ce prix.

Aboul-Hassan, qui jusqu’à ce moment avait négligé, par insouciance, d’observer les qualités et les talents de sa belle esclave, n’était plus guère en état d’apprécier par lui-même les mérites qui pouvaient être en elle. Il trouva seulement que l’idée n’était pas mauvaise et avait des chances de réussite. Il se leva donc sur l’heure et, emmenant derrière lui Sympathie, il la conduisit devant le khalifat, à qui il répéta les paroles qu’elle lui avait recommandé de dire.

Alors le khalifat se tourna vers elle et lui demanda : « Comment t’appelles-tu ? » Elle dit : « Je m’appelle Sympathie. » Il lui dit : « Ô Sympathie, es-tu versée dans les connaissances, et peux-tu m’énumérer le titre des diverses branches du savoir que tu as cultivées ? » Elle répondit : « Ô mon maître, j’ai étudié la syntaxe, la poésie, le droit civil et le droit canon, la musique, l’astronomie, la géométrie, l’arithmétique, la jurisprudence au point de vue des successions, et l’art de déchiffrer les grimoires et de lire les anciennes inscriptions. Je connais par cœur le Livre Sublime, et je puis le lire de sept manières différentes ; je sais exactement le nombre de ses chapitres, de ses versets, de ses divisions, de ses diverses parties, et leurs combinaisons, et combien il renferme de lignes, de mots, de lettres, de consonnes et de voyelles ; je sais au juste quels chapitres ont été inspirés et écrits à la Mecque, et quels autres ont été dictés à Médine ; je connais les lois et les