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les mille nuits et une nuit

Donateur, n’oublia pas d’accomplir les vœux qu’il avait formés, et il fit de grandes largesses aux pauvres, aux veuves et aux orphelins, pendant sept jours entiers ; puis, au matin du septième jour, il songea à donner un nom à son fils, et l’appela Aboul-Hassan.

L’enfant fut porté sur les bras des nourrices et sur les bras des belles esclaves et soigné comme une chose précieuse par les femmes et les domestiques, jusqu’à ce qu’il fût d’âge à apprendre. Alors on le confia aux maîtres les plus savants, qui lui enseignèrent à lire les paroles sublimes du Korân, et lui apprirent là belle écriture, la poésie, le calcul, et surtout l’art de tirer de l’arc. Aussi son instruction dépassa-t-elle en étendue celle de sa génération et de son siècle et ce ne fut point tout !

En effet, il joignait à ces diverses connaissances un charme magicien, et il était parfaitement beau. Car voici en quels termes les poètes de son temps ont dépeint ses grâces juvéniles, la fraîcheur de ses joues, les fleurs de ses lèvres et le duvet naissant qui les ornait :

« Vois-tu sur le parterre de ses joues ces boutons de rose qui cherchent à s’entr’ouvrir, alors que le printemps est déjà passé sur les rosiers ?

« Ne t’étonnes-tu de voir fleurir encore la rose et, dans le coin ombreux des lèvres, le duvet pousser comme les violettes sous les feuilles ? »

Le jeune Aboul-Hassan fut donc la joie de son père et les délices de ses prunelles, aussi longtemps