Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de sindbad le marin (6e voyage)
169

persa en planches de tous côtés. Et tous ceux qui étaient dedans furent submergés. Et les marchands tombèrent à la mer. Les uns furent noyés et les autres se cramponnèrent à la montagne en question et purent se sauver. Moi je fus du nombre de ceux qui purent s’accrocher à la montagne.

Cette montagne était située dans une île très grande dont les côtes étaient couvertes de débris de navires naufragés, et de toutes sortes d’épaves. À l’endroit où nous primes pied, nous vîmes autour de nous une quantité prodigieuse de ballots rejetés par la mer, des marchandises et de riches objets de toutes sortes. Et moi je me mis à marcher au milieu de ces choses éparses et, au bout de quelques pas, j’arrivai à une petite rivière d’eau douce qui, contrairement à toutes les autres rivières, qui viennent se jeter à la mer, sortait de la montagne et s’éloignait de la mer pour s’enfoncer plus loin dans une grotte située au bas de cette même montagne, et y disparaître.

Mais ce n’est point tout. Je remarquai que les bords de cette rivière étaient semés de pierres de rubis, de gemmes de toutes les couleurs, de pierreries de toutes les formes et de métaux précieux. Et toutes ces pierres précieuses étaient aussi nombreuses que les cailloux dans le lit d’un fleuve. Aussi tout le terrain environnant brillait-il et étincelait-il de ces reflets et de ces feux, tellement que les yeux n’en pouvaient supporter l’éclat.

Je remarquai également que cette île contenait la meilleure qualité du bois d’aloès chinois et d’aloès comari.