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histoire de sindbad le marin (5e voyage)
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Une fois nos sacs remplis, nous les rechargeâmes sur nos épaules et reprîmes le chemin de la ville, où le marchand me prit le sac et m’en donna la valeur en argent. Et moi je continuai de la sorte à accompagner tous les jours les ramasseurs de cocos, et à vendre en ville les fruits, et cela jusqu’à ce que, peu à peu, à force d’amasser ce que je gagnais, j’eusse acquis une fortune qui elle-même grossit à la suite de divers échanges et achats, et me permit de m’embarquer sur un navire qui partait pour la Mer des Perles.

Comme j’avais pris soin d’emporter avec moi une quantité prodigieuse de cocos, je ne manquai pas, en arrivant dans diverses îles de les échanger contre du poivre et de la cannelle ; et je vendis le poivre et la cannelle ailleurs, et avec l’argent que je gagnai, je me rendis dans la Mer des Perles, où je pris des plongeurs à mes gages.

Ma chance, dans la pêche des perles, fut admirable. Elle me permit de réaliser en peu de temps une fortune immense. Aussi je ne voulus pas différer davantage mon retour et après avoir acheté, pour mon usage personnel, du bois d’aloès de la meilleure qualité aux indigènes de ce pays idolâtre, je m’embarquai sur un navire qui faisait voile pour Bassra, où j’arrivai heureusement après une excellente navigation. De là, je partis sans retard pour Baghdad, et courus à ma rue et à ma maison, où je fus reçu avec des transports de joie par mes parents et mes amis.

Comme je revenais plus riche que je ne l’avais jamais été, je ne manquai pas de répandre l’aisance autour de moi en faisant de grandes largesses à ceux