Marin, qui le reçut d’un air affable et lui dit : « Qu’ici l’amitié te soit chose facile ! Et que l’aisance soit avec toi ! » Et le portefaix voulut lui baiser la main, et comme Sindbad ne voulait pas y consentir, il lui dit : « Qu’Allah blanchisse tes jours et consolide sur toi ses bienfaits ! » Et, comme les autres invités étaient déjà arrivés, on commença par s’asseoir en rond autour de la nappe tendue où jutaient les agneaux rôtis et se doraient les poulets, au milieu des farces délicieuses et des pâtes aux pistaches, aux noix et aux raisins ! Et l’on mangea, et l’on but, et l’on se divertit et l’on se charma l’esprit et l’ouïe en écoutant chanter les instruments sous les doigts expérimentés des joueurs.
Lorsqu’on eut fini, Sindbad, au milieu des convives silencieux, parla en ces termes :
LA SECONDE HISTOIRE
DES HISTOIRES DE SINDBAD LE MARIN
ET C’EST LE SECOND VOYAGE
Je me trouvais en vérité dans la plus savoureuse
vie quand, un jour d’entre les jours, se présenta à
mon esprit l’idée du voyage vers les contrées des
hommes ; et mon âme ressentit vivement l’envie
d’aller se promener et se réjouir par la vue des terres
et des îles et regarder avec curiosité les choses inconnues,
sans toutefois perdre de vue la vente et
l’achat dans les divers pays.