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histoire de karamalzamân avec boudour
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torieux des palmes, te pénètrent, ô diamants et t’éclairent au travers. Ah ! ne bouge plus…

« Ne bouge plus ! Mais laisse ainsi tes seins respirer qui s’élèvent et s’abaissent comme les vagues de la mer. Ô ! tes seins neigeux ! Que je les hume telle l’écume marine et le sel blanchissant. Ah ! Laisse tes seins respirer…

« Laisse tes seins respirer ! Le ruisseau rieur réprime son rire ; le frelon sur la fleur arrête son fredon ; et mon regard brûle les deux grains grenats de raisin de tes seins. Ô ! laisse brûler mes yeux…

« Laisse brûler mes yeux ! Mais que mon cœur s’épanouisse, sous les palmes fortunées, de ton corps macéré dans les roses et le santal, de tout le bienfait de la solitude et de la fraîcheur du silence ! »

Après s’être récité ces vers, Kamaralzamân se sentit brûler du désir de son épouse endormie, dont il ne pouvait se lasser, de même que le goût frais de l’eau pure est toujours délicieux au palais de l’altéré. Il se pencha donc sur elle et lui dénoua le cordon de soie qui retenait son caleçon ; et il tendait déjà la main vers l’ombre chaude des cuisses, quand il sentit un petit corps dur rouler sous ses doigts. Il le retira et vit que c’était une cornaline qui était attachée à un fil de soie juste au-dessus du vallon des roses. Et Kamaralzamân fut extrêmement étonné et pensa en lui-même : « Si cette cornaline n’avait pas des vertus extraordinaires, et si ce n’était pas un objet très cher aux yeux de Boudour, Boudour ne l’aurait point conservée si jalousement et cachée juste à l’endroit le plus précieux de son corps ! C’est