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les mille nuits et une nuit

En effet Sett Boudour, à ce moment, était étendue sur le tapis de la tente, la tête posée sur un oreiller de soie écarlate. Elle n’avait sur elle qu’une chemise couleur d’abricot, en gaze fine, ainsi que l’ample caleçon en étoffe de Mossoul. Et la brise entr’ouvrait de temps en temps la chemise légère jusqu’au nombril ; et, de la sorte, tout le beau ventre apparaissait blanc comme neige, avec, dans les endroits délicats, des fossettes assez larges pour contenir chacune une once de noix muscades.

Aussi Kamaralzamân charmé ne put faire autrement que de se rappeler d’abord ces vers délicieux du poète :

« Quand tu dors sur la pourpre, ta face claire est comme l’aurore, et tes yeux tels les cieux marins.

« Quand ton corps vêtu de narcisses et de roses, s’étire debout ou s’allonge délié, ne l’égalerait le palmier qui croit en Arabie.

« Quand tes fins cheveux où brillent les pierreries retombent massifs ou se déploient légers, nulle soie ne vaudrait leur tissu naturel ! »

Puis il se rappela également ce poème admirable qui acheva de le transporter à la limite de l’extase :

« Dormeuse ! L’heure est magnifique où les palmes étalées boivent la clarté. Midi est sans haleine ! Un frelon d’or suce une rose en pâmoison ! Tu rêves. Tu souris ! Ne bouge plus…

« Ne bouge plus ! Ta peau délicate et dorée colore de ses reflets la gaze diaphane ; et les rais du soleil, vic-