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histoire de karamalzamân avec boudour
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pour qu’elle fût transmise de siècle en siècle à toutes les générations de l’avenir.

Aussitôt après, il fit venir le kâdi et les témoins et écrire sur l’heure le contrat de mariage de Sett Boudour avec Kamaralzamân. Et l’on fit décorer et illuminer la ville pendant sept nuits et sept jours ; et l’on mangea et l’on but et l’on se réjouit ; et Kamaralzamân et Sett Boudour furent au comble de leurs souhaits et s’entr’aimèrent pendant un long espace de temps, au milieu des fêtes, en bénissant Allah le Bienfaiteur !

Or, une nuit, après un festin où avaient été conviés les principaux notables des îles extérieures et des îles intérieures, et que Kamaralzamân avait usé d’une façon encore plus merveilleuse que de coutume des somptuosités de son épouse, il eut après cela, une fois endormi, un songe où il vit son père, le roi Schahramân, lui apparaître le visage baigné de larmes, et lui dire tristement :

« Est-ce ainsi que tu m’abandonnes, ya Kamaralzamân ? Regarde ! je vais mourir de douleur ! »

Alors Kamaralzamân se réveilla en sursaut, et réveilla également son épouse, et se mit à pousser de grands soupirs. Et Sett Boudour, anxieuse, lui demanda : « Qu’as-tu, ô mon œil ? Si tu as mal au ventre, je vais tout de suite te faire une décoction d’anis et de fenouil. Et si tu as mal à la tête, je vais te mettre sur le front des compresses de vinaigre. Et si tu as trop mangé hier au soir, je te mettrai sur l’estomac un pain chaud enveloppé dans une serviette et je te ferai boire un peu d’eau de roses mêlée à de l’eau de fleurs…