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histoire de karamalzamân avec boudour
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« À Sett Boudour, fille du roi Ghaïour, maître d’El-Bouhour et d’El-Koussour, pour lui exprimer ses peines d’amour.

« Si je devais te dire, ô princesse, toute la brûlure de ce cœur que tu frappas, il n’y aurait guère sur la terre de roseaux assez durs pour tracer une chose si hardie sur le papier. Mais sache bien, ô ! adorable, que si l’encre venait à tarir, mon sang ne tarirait pas, et t’exprimerait par sa couleur ma flamme du dedans, cette flamme qui me consume depuis la nuit magicienne où dans le sommeil tu m’apparus et pour toujours me captivas !

« Voici sous ce pli la bague qui t’appartenait. Je te la renvoie comme la preuve certaine que c’est bien moi le brûlé de tes yeux, le jaune comme le safran, le bouillonnant comme le volcan, le secoué par les malheurs et l’ouragan, qui crie vers toi Amân, en signant de son nom, Kamaralzamân.

« Je loge en ville dans le Grand-Khân. »

Cette lettre écrite, Kamaralzamân la plia, y glissa adroitement la bague, et la cacheta, puis la remit à l’eunuque qui entra immédiatement la remettre à Sett Boudour, en lui disant : « Il y a là, ô ma maîtresse, derrière le rideau, un jeune astrologue si téméraire qu’il prétend guérir les gens sans les voir. Voici d’ailleurs ce qu’il m’a remis pour toi ! »

Or, à peine la princesse Boudour eut-elle ouvert la lettre qu’elle reconnut sa bague et poussa un grand cri ; puis, affolée, elle bouscula l’eunuque et courut