Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de karamalzamân avec boudour
81

« En toi sont réunies les huit qualités qui obligent à se courber le front des plus sages :

« La science, la force, la puissance, la générosité, l’éloquence, la subtilité, la fortune et la victoire. »

Lorsque le roi Ghaïour eut entendu cette louange il fut charmé et regarda attentivement l’astrologue. Or, sa beauté était telle qu’il ferma un instant les yeux, puis les ouvrit et lui dit : « Viens t’asseoir à côté de moi ! » Puis il lui dit : « Vois-tu, mon enfant, tu serais bien mieux sans ces habits de médecin ! Et je serais vraiment bien heureux de te donner ma fille comme épouse si tu parvenais à la guérir ! Mais je doute fort de ta réussite ! Et comme j’ai juré que nul ne devait rester vivant après avoir vu le visage de la princesse, à moins qu’il ne l’ait obtenue comme épouse, je me verrais forcé à contrecœur de te faire subir le même sort que les quarante qui t’ont précédé ! Réponds-moi donc. Consens-tu aux conditions posées ? »

À ces paroles, Kamaralzamân dit : « Ô roi fortuné, je viens de si loin vers ce pays prospère pour exercer mon art et non pour me taire ! Je sais ce que je risque, mais je ne reviendrai pas en arrière ! » Alors le roi dit au chef eunuque : « Conduis-le chez la prisonnière, puisqu’il persévère ! »

Alors tous deux s’en allèrent chez la princesse, et l’eunuque voyant le jeune homme hâter le pas, lui dit : « Misère ! crois-tu vraiment que le roi sera ton beau-père ? » Kamaralzamân dit : « Je l’espère ! Et d’ailleurs je suis tellement sûr de mon affaire que je puis guérir la princesse d’ici même, pour montrer