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autres perfections, ils furent charmés et en même temps bien désolés ; car ils eurent peur qu’il ne subît le même traitement que ses prédécesseurs. Ceux qui étaient les plus proches du char recouvert de velours sur lequel il se tenait debout, le supplièrent de s’éloigner du palais et lui dirent : « Seigneur magicien, par Allah ! ne sais-tu donc pas le sort qui t’attend si tu t’attardes par ici ? Le roi va te faire appeler pour que tu essayes ta science sur sa fille. Malheur à toi ! tu subiras le sort de tous ceux-là dont la tête coupée est suspendue juste au-dessus de toi ! »

Mais à toutes leurs objurgations Kamaralzamân ne répondait qu’en criant plus haut :

« Je suis le magicien notoire, digne de mémoire ! Je n’emploie ni clysoirs, ni suspensoirs, ni fumigatoires ! vous tous ! venez me voir ! »

Alors tous les assistants, bien que convaincus de son savoir, ne tremblèrent pas moins de le voir échouer devant cette maladie sans espoir.

Ils se mirent donc à se frapper la main sur la paume de l’autre main, on se disant : « Quel dommage pour sa jeunesse ! »

Or, le roi, sur ces entrefaites, entendit le tumulte sur la place et vit la foule qui entourait l’astrologue. Il dit à son vizir : « Va vite me chercher celui-là ! » Et le vizir immédiatement s’exécuta.

Lorsque Kamaralzamân arriva dans la salle du trône, il baisa la terre entre les mains du roi et lui fit d’abord ainsi son compliment :