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histoire de karamalzamân avec boudour
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ner derrière lui, et le mena au milieu d’une forêt qui s’étendait jusque-là et l’égorgea et teignit de son sang la chemise et le caleçon. Après quoi il revint à l’endroit où la route se partageait et jeta ces habits dans la poussière du chemin. Puis il revint vers Kamaralzamân qui l’attendait sans bouger et qui lui demanda : « Je voudrais bien savoir tes projets. » Il répondit : « Mangeons d’abord un morceau. » Ils mangèrent et burent, et Marzaouân dit alors au prince : « Voici ! Lorsque le roi verra s’écouler deux jours sans que tu sois de retour, et lorsque les conducteurs lui auront dit que nous sommes partis au milieu de la nuit, il enverra tout de suite à notre recherche des gens qui ne manqueront pas de voir, là où la route se divise en quatre, ta chemise et ton caleçon ensanglantés, et dans lesquels j’ai d’ailleurs pris la précaution de mettre quelques morceaux de viande de cheval et deux os cassés. Et de la sorte nul ne doutera qu’une bête sauvage t’ait dévoré et que moi j’aie pris la fuite de terreur. » Puis il ajouta : « Sans doute cette nouvelle effroyable sera un coup assommant pour ton père, mais aussi combien vive sera sa joie plus tard quand il apprendra que tu es vivant et marié à Sett Boudour ! » À ces paroles, Kamaralzamân ne trouva rien à répliquer et dit : « Ô Marzaouân, ton idée est excellente et ton stratagème ingénieux ! Mais comment ferons-nous pour les dépenses ? » Il répondit : « Qu’à cela ne tienne ! J’ai pris avec moi les plus belles pierreries, dont la moins précieuse vaut plus de deux cent mille dinars. »

Alors ils continuèrent à voyager de la sorte pendant un long espace de temps, jusqu’à ce qu’enfin