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les mille nuits et une nuit

Car ton absence, plus prolongée, me causerait un chagrin dont je mourrais ! » Puis le roi fit préparer pour son fils et Marzaouân deux magnifiques chevaux et six autres de relais, plus un dromadaire chargé des équipements et un chameau chargé des vivres et des outres d’eau.

Après quoi, le roi embrassa son fils Kamaralzamân et Marzaouân, et les recommanda l’un à l’autre, en pleurant ; et, après les adieux les plus touchants, les laissa s’éloigner de la ville avec tout leur campement.

Une fois hors des murs, les deux compagnons, pour donner le change aux palefreniers et aux conducteurs, firent semblant de chasser tout le jour ; et quand vint la nuit, ils firent dresser leurs tentes et mangèrent et burent et dormirent jusqu’à minuit. Alors Marzaouân réveilla doucement Kamaralzamân et lui dit : « Il faut profiter du sommeil de nos gens pour nous en aller ! » Ils montèrent donc chacun sur un des chevaux frais de relais et se mirent en route sans attirer l’attention.

Ils marchèrent de la sorte à une très bonne allure jusqu’à la pointe du jour. À ce moment Marzaouân arrêta son cheval et dit au prince : « Arrête-toi également et descends ! » Et lorsqu’il fut descendu, il lui dit : « Enlève vite ta chemise et ton caleçon ! » Et Kamaralzamân se dévêtit, sans réplique, de sa chemise et de son caleçon. Et Marzaouân lui dit : « Maintenant donne-les-moi et attends-moi un peu ! » Et il prit la chemise et le caleçon et s’éloigna jusqu’à un endroit où le chemin se divisait en quatre. Alors il prit un cheval qu’il avait eu la précaution de traî-