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histoire de karamalzamân avec boudour
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Alors le roi se jeta au cou de Marzaouân et l’embrassa, sans même songer à lui demander la recette du remède dont il s’était servi pour obtenir en si peu de temps un si grand résultat. Et aussitôt, après avoir comblé Marzaouân de cadeaux et d’honneurs, il ordonna d’illuminer toute la ville en signe de joie, distribua une prodigieuse quantité de robes d’honneur et de largesses à ses dignitaires et à tous les gens du palais et fit ouvrir les cachots et élargir tous les prisonniers. Et de la sorte toute la ville et tout le royaume furent dans la joie et le bonheur.

Lorsque Marzaouân jugea que la santé du prince était complètement rétablie, il le prit en particulier et lui dit : « C’est le moment de partir, puisque tu ne peux plus attendre. Fais donc tes préparatifs et allons-nous en ! » Il répondit : « Mais mon père ne me laissera pas partir ; car il m’aime tant que jamais il ne se résoudra à se séparer de moi ! Ya Allah ! Quelle sera alors ma désolation ! Sûrement je retomberai plus malade qu’avant ! » Mais Marzaouân répondit : « J’ai déjà prévu la difficulté ; et je ferai en sorte que rien ne nous retarde. Pour cela voici ce que j’ai imaginé : un mensonge bienfaisant. Tu diras au roi que tu as envie de respirer le bon air dans une partie de chasse de quelques jours en ma compagnie, que ta poitrine est bien rétrécie depuis le temps que tu gardes la chambre. Et sûrement le roi ne te refusera pas la permission ! »

À ces paroles, Kamaralzamân se réjouit à l’extrême et alla sur-le-champ demander la permission à son père qui, en effet, pour ne point l’affliger, n’osa pas la lui refuser. Mais il lui dit : « Pour une nuit seulement !