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les mille nuits et une nuit

Alors Marzaouân, sans hésiter, prit le chemin de mer sur un navire qui partait justement pour ces îles du royaume de Khaledân.

Le navire sur lequel Marzaouân s’était embarqué eut un vent favorable durant toute la traversée ; mais le jour même où il arrivait en vue de la ville, capitale du royaume, une tempête formidable souleva les lames de la mer et projeta en l’air le navire qui tourna sur lui-même et sombra irrémédiablement sur un rocher à pic. Mais Marzaouân, entre autres qualités, savait parfaitement nager ; aussi, de tous les passagers, fut-il le seul à pouvoir se sauver en s’accrochant au grand mât qui était tombé à la mer. Et la force du courant l’entraîna justement du côté de la langue de terre où était bâti le palais qu’habitait Kamaralzamân avec son père.

Or, le destin voulut qu’à ce moment le grand-vizir, qui était venu rendre compte au roi de l’état du royaume, regardât par la fenêtre qui donnait sur la mer ; et, voyant ce jeune homme aborder ainsi, il ordonna aux esclaves d’aller à son secours et de le lui amener, après lui avoir toutefois donné des habits de rechange et fait boire un verre de sorbet pour lui calmer les esprits.

Aussi, peu d’instants après, Marzaouân entra dans la salle où se trouvait le vizir. Et comme il était bien fait et gentil d’aspect, il plut tout de suite au grand-vizir, qui se mit à l’interroger et fut bientôt édifié de l’étendue de ses connaissances et de sa sagesse. Aussi il se dit en lui-même : « Sûrement il doit être versé dans la médecine ! » et il lui demanda : « Allah t’a