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histoire de karamalzamân avec boudour
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question ; et sa mère lui confirma ce qu’il avait avait appris : ce qui attrista beaucoup Marzaouân, vu qu’il avait été élevé avec Boudour et qu’il l’aimait d’un amour plus fort que n’en ressentent d’ordinaire les frères pour leurs sœurs. Il réfléchit donc pendant une heure de temps ; après quoi il releva la tête et demanda à sa mère : « Pourrais-tu me faire entrer en secret chez elle, pour que j’essaye si je puis connaître l’origine de son mal et voir s’il y a remède ou non ! » Et sa mère lui dit : « C’est difficile, ô Marzaouân. En tout cas, puisque tu le souhaites, hâte-toi de t’habiller en femme et de me suivre. » Et Marzaouân se prépara sur le champ et, déguisé en femme, suivit sa mère au palais.

Quand ils furent arrivés à la porte de l’appartement, l’eunuque préposé à la garde voulut défendre l’entrée à celle des deux qu’il ne connaissait pas ; mais la vieille lui glissa un bon cadeau dans la main et lui dit : « Ô chef du palais, la princesse Boudour qui est si malade m’a exprimé le désir de revoir ma fille que voici et qui est sa sœur de lait ! Laisse-nous donc passer, ô père de la politesse ! » Et l’eunuque, aussi flatté de ces paroles que satisfait du cadeau, répondit : « Entrez vite, mais ne vous attardez pas ! » Et ils entrèrent tous deux.

Lorsque Marzaouân arriva en présence de la princesse, il releva le voile qui lui cachait le visage, s’assit par terre et sortit de dessous son vêtement un astrolabe, des grimoires et une chandelle, et se disposait à tirer d’abord l’horoscope de Boudour avant de l’interroger, quand soudain la jeune fille se jeta à son cou et l’embrassa tendrement, car elle l’avait