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histoire de karamalzamân avec boudour
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la guérison de cette folie dont il pensait sa fille atteinte. Car il continuait, malgré tout, à l’aimer aussi vivement que par le passé, et il ne pouvait se faire à l’idée qu’elle était folle pour toujours.

Il assembla donc dans son palais tous les savants de son royaume, les médecins, les astrologues, les magiciens, les hommes versés dans les livres anciens, et les droguistes, et leur dit à tous : « Ma fille El-Sett Boudour est dans tel et tel état. Celui d’entre vous qui la guérira, l’obtiendra de moi comme épouse et sera l’héritier de mon trône après ma mort ! Mais celui qui sera entré chez ma fille et n’aura pas réussi à la guérir, aura la tête coupée ! »

Puis il fit crier la chose par toute la ville et envoya des courriers dans tous ses États pour la publier également.

Or, beaucoup de médecins, de savants, d’astrologues, de magiciens et de droguistes se présentèrent ; mais on voyait une heure après leur tête coupée apparaître suspendue au-dessus de la porte du palais. Et il y eut ainsi, en peu de temps, quarante têtes de médecins et autres marchands de drogues, symétriquement rangées, le long de la façade du palais. Alors les autres se dirent : « C’est là un mauvais signe ! Et la maladie doit être incurable ! » Et personne n’osa plus se présenter, pour ne point s’exposer à se faire couper le cou. Et voilà pour les médecins et le châtiment à leur appliquer en de semblables cas !

Mais pour ce qui est de Boudour, elle avait un frère de lait, fils de la nourrice, et dont le nom était Marzaouân. Or, Marzaouân, bien que musulman