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histoire de karamalzamân avec boudour
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dice, de la part de la partenaire, d’une santé merveilleuse et d’un écoulement loyal et franc ! » Et il pensa encore : « Je vois là la main du vizir certainement ! » Puis il revint en toute hâte près de Kamaralzamân en s’écriant : « Voyons la bague maintenant ! » Et il la prit, la tourna et la retourna, puis la rendit à Kamaralzamân, en disant : « C’est là une preuve qui me trouble absolument ! » Et il resta sans dire un mot de plus durant une heure de temps. Puis tout d’un coup il s’élança sur le vizir et lui cria : « C’est toi, vieil entremetteur, qui as arrangé toute cette intrigue-là ! » Mais le vizir tomba aux pieds du roi et jura sur le Livre Saint et sur la Foi qu’il n’était pour rien dans cette affaire-là. Et l’eunuque fit le même serment.

Alors le roi, se refusant davantage à comprendre, dit à son fils : « Allah seul débrouillera ce mystère ! » Mais Kamaralzamân, fort ému, répondit : « Ô mon père, je te supplie de faire des recherches et des enquêtes pour me rendre la délicieuse jeune fille dont le souvenir me met l’âme en émoi. Je t’adjure d’avoir compassion de moi et de me la retrouver, ou je mourrai ! » Le roi se mit à pleurer et dit à son fils : « Ya Kamaralzamân, Allah est le seul grand, et lui seul connaît l’inconnu ! Quant à nous, nous n’avons plus qu’à nous affliger ensemble, toi de cet amour sans espérance et moi de ton affliction même et de mon impuissance à y porter remède ! »

Puis le roi, bien désolé, prit son fils par la main et l’emmena de la tour au palais où il s’enferma avec lui. Et il refusa de s’occuper des affaires de son royaume pour rester à pleurer avec Kamaralzamân