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les mille nuits et une nuit

toi tout mauvais augure ! Mais dis-moi encore comment s’appelle en arabe le mois où nous sommes. » Il répondit : « Il s’appelle en arabe le mois de Zoul-Klidat. Après lui vient le mois de Zoul-Hidjat, puis viendra Môharram suivi de Safar, de Rabialaoûal, de Rabialthani, de Gamadialouala, de Gamadialthania, de Ragab, de Schâabân, de Ramadan et enfin de Schaoûal ! »

Alors le roi fut à l’extrême limite de la joie et, tranquillisé de la sorte sur l’état de son fils, se tourna vers le vizir et lui cracha à la figure et lui dit : « Il n’y a d’autre fou que toi, vieux de malheur ! » Et le vizir hocha la tête et voulut répondre ; mais il s’arrêta et se dit : « Attendons un peu la fin ! » Or, le roi dit ensuite à son fils : « Mon enfant, imagine-toi que ce cheikh-là et cet eunuque de poix sont venus me rapporter telles et telles paroles que tu leur aurais dites au sujet d’une prétendue jeune fille qui aurait passé la nuit avec toi ! Dis-leur donc à la figure qu’ils ont menti ! »

À ces paroles, Kamaralzamân eut un sourire amer et dit au roi : « Ô mon père, sache qu’en vérité je n’ai plus ni la patience nécessaire ni l’envie pour endurer plus longtemps cette plaisanterie qui a, ce me semble, assez duré comme ça ! De grâce, épargne-moi cette mortification et n’ajoute pas un mot de plus à ce sujet : car je sens que mes humeurs sont fort desséchées de tout ce que tu m’as déjà fait endurer ! Pourtant, ô mon père, sache aussi que maintenant je suis bien résolu à ne plus te désobéir, et je consens à me marier avec cette belle adolescente que tu as bien voulu m’envoyer cette nuit me tenir