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les mille nuits et une nuit

ment hors de danger, ne perdit pas un instant et dit au prince : « Permets-moi d’abord d’aller changer de vêtements et m’essuyer le nez ! » Et Kamaralzamân lui dît : « Va-t’en ! Mais ne perds pas de temps ! Et reviens vite me renseigner ! » Et l’eunuque sortit en courant et alla au palais trouver le père de Kamaralzamân.

Or, le roi Schahramân, en ce moment, conversait avec son grand-vizir, disant : « Ô mon vizir, j’ai passé une bien mauvaise nuit, tant mon cœur est inquiet sur l’état de mon fils Kamaralzamân. Et j’ai bien peur qu’il ne lui soit arrivé malheur dans cette vieille tour si mal aménagée pour un jeune homme aussi délicat que mon fils ! » Mais le vizir lui répondait : « Sois donc tranquille ! Par Allah, il ne lui arrivera rien là-dedans ! Il vaut mieux qu’il en soit ainsi, pour dompter sa morgue et réduire son orgueil ! »

Et là-dessus se présenta l’eunuque dans l’état où il était, et il tomba aux pieds du roi et s’écria : « Ô notre maître le sultan ! le malheur est entré dans ta maison ! Mon maître Kamaralzamân vient de se réveiller complètement fou ! Et, pour te donner une preuve de sa folie, voici : il me fit telle et telle chose et me dit telle et telle chose ! Or, moi, par Allah ! je n’ai vu entrer chez le prince ni jeune fille, ni jeune garçon ! »

À ces paroles, le roi Schahramân ne douta plus de ses pressentiments et cria à son vizir : « Malédiction ! c’est ta faute, ô vizir des chiens ! C’est toi qui m’a suggéré cette idée calamiteuse d’enfermer mon fils, la flamme de mon cœur ! Ah ! fils de chien,