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histoire de karamalzamân avec boudour
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mensonge ! Encore une fois je te somme de me dire la vérité ! » Alors l’esclave leva les bras au ciel et s’écria : « Allah est le seul grand ! ô mon maître Kamaralzamân, je ne comprends rien à ce que tu me demandes ! »

Alors Kamaralzamân lui cria : « Approche-toi, maudit ! » Et l’eunuque s’étant approché, il le saisit au collet et le renversa et le piétina si furieusement que l’eunuque péta ! Alors Kamaralzamân continua à le rouer de coups de pied et de coups de poing jusqu’à le laisser à demi-mort. Et comme l’eunuque lançait des cris inarticulés, pour toute explication Kamaralzamân lui dit : « Attends un peu ! » et courut chercher la grosse corde de chanvre qui servait à monter l’eau du puits, la lui passa sous les aisselles, noua solidement, et le traîna jusqu’à l’orifice supérieur du puits où il le fit descendre, et le plongea entièrement dans l’eau.

Or, c’était l’hiver, et l’eau était fort désagréable, et l’air bien froid. Aussi l’eunuque se mit-il à éternuer éperdument en demandant grâce. Mais Kamaralzamân l’immergea à plusieurs reprises en lui criant chaque fois : « Tu ne sortiras qu’en m’avouant la vérité. Ou bien tu es un noyé ! » Alors l’eunuque pensa : « Sûrement il le fera comme il le dit ! » puis il cria : « Ô mon maître Kamaralzamân, tire-moi de là et je te dirai la vérité ! » Alors le prince le hissa et le vit qui tremblait comme un roseau au vent et, tant de froid que d’épouvante, il claquait des dents ; et il était dans un état bien dégoûtant, ruisselant d’eau et le nez saignant !

L’eunuque qui se sentit de ta sorte momentané-