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les mille nuits et une nuit

effrayée, mais comprit sans retard son usage particulier : car de même que le désir chez les femmes est de beaucoup plus intense que chez les hommes, de même leur intelligence est infiniment plus prompte à saisir les rapports des organes charmants. Elle le prit donc à pleines mains et, tandis qu’elle embrassait les lèvres du jeune homme avec ardeur, il arriva ce qui arriva !

Apres quoi Sett Boudour couvrit de baisers son ami endormi, sans laisser un seul endroit sur lequel elle n’eût imprimé ses lèvres. Puis, calmée tant soit peu, elle lui prit les mains et les baisa l’une après l’autre sur la paume ; puis elle le souleva lui-même et le prit dans son sein et lui entoura le cou de ses bras ; et, dans cet enlacement, membre contre membre et leurs haleines mêlées, elle s’endormit en souriant.

Tout cela ! Et, invisibles, les trois éfrits ne perdaient pas un geste ! Aussi, la chose ayant été consommée si péremptoirement, Maïmouna fut à la limite de la jubilation et Dahnasch ne fit aucune difficulté pour convenir que Boudour avait été beaucoup plus loin dans les manifestations de son ardeur et lui faisait ainsi perdre la gageure. Mais Maïmouna, assurée maintenant de la victoire, fut magnanime et dit à Dahnasch : « Pour ce qui est de la gageure que tu me dois, je t’en fais grâce, ô maudit ! Et même je vais te donner le sauf-conduit qui désormais t’assurera toute tranquillité dans tes courses aériennes. Mais prends bien garde d’en abuser, et ne manque jamais plus aux convenances ! »

Après quoi la jeune éfrita se tourna vers Kasch-