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histoire de karamalzamân avec boudour
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Mais comme Kamaralzamân, plus que jamais enfoncé dans le sommeil, continuait à ne point répondre, la belle Boudour s’imagina un instant que ce n’était là qu’une feinte de sa part pour lui donner plus de surprise ; et, moitié rieuse, elle lui dit : « Allons ! allons, gentil ami, ne fais pas le fourbe comme ça ! Serait-ce mon père qui t’aurait donné ces leçons de malice pour vaincre mon orgueil ? C’est peine inutile vraiment ! Car ta beauté, ô jeune daim svelte et charmant, à elle seule a fait de moi la plus soumise des esclaves d’amour ! »

Mais comme Kamaralzamân restait toujours immobile, Sett Boudour, de plus en plus subjuguée, reprit : « Ô maître de la beauté, regarde ! Moi aussi je passe pour belle : autour de moi tout vit dans l’admiration de mes charmes froids et sereins. Toi seul as su allumer le désir dans le regard calme de Boudour ! Que ne te réveilles-tu, ô adorable garçon ! Que ne te réveilles-tu ! dis ! me voici ! Je me sens mourir ! »

Et la jeune fille enfouit sa tête sous le bras de l’adolescent, et câlinement le mordilla au cou et à l’oreille, mais sans résultat. Alors ne pouvant plus résister à la flamme allumée en elle pour la première fois, elle se mit de la main à fureter entre les jambes et les cuisses du jeune homme et les trouva si lisses et si pleines qu’elle ne put empêcher sa main de glisser sur leur surface. Alors, comme par hasard, elle rencontra en route, dans l’intervalle, un objet si nouveau pour elle qu’elle le considéra avec de grands yeux et constata que, sous sa main, il changeait de forme à chaque instant. Elle fut d’abord bien