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les mille nuits et une nuit

tenir cette nuit de copuler, malgré toute l’envie que j’en ai, et attendre jusqu’à demain ; et alors je demanderai à mon père cette belle adolescente en mariage. Et de la sorte mon père sera heureux et moi je pourrai, tout à mon aise, user de ce corps béni ! »

Et là-dessus, à la grande joie de Maïmouna qui avait commencé à avoir de si terribles inquiétudes et à l’ennui considérable de Dahnasch qui, au contraire, avait pensé que l’adolescent copulerait et s’était d’abord mis à danser de joie, Kamaralzamân se pencha encore une fois sur Sett Boudour et, après l’avoir baisée sur la bouche, il lui enleva du petit doigt une bague surmontée d’un beau diamant, et se la passa lui-même au petit doigt pour bien marquer qu’il considérait désormais la jeune fille comme son épouse ; puis, après avoir mis au doigt de la jeune fille sa bague à lui, il lui tourna le dos, bien qu’avec un regret extrême, et ne tarda pas à se rendormir.

À cette vue Maïmouna exulta tout à fait et Dahnasch fut bien confus ; mais il ne tarda pas à dire à Maïmouna : « Ce n’est que la moitié de l’épreuve. À ton tour maintenant ! »

Alors Maïmouna se changea aussitôt en puce et sauta sur la cuisse de Sett Boudour, et, de là, monta jusqu’à son nombril, puis revint sur ses pas de quatre travers de doigt, et s’arrêta juste sur le sommet du monticule qui domine le vallon des roses, et là, d’une seule piqûre dans laquelle elle mit toute sa jalousie et sa vengeance, elle fit sauter de douleur la jeune fille qui ouvrit les yeux et se leva vivement