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histoire de karamalzamân avec boudour
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tendre que le beurre et cette haleine plus agréable que le parfum du musc. Aussi sa surprise fut extrême, mais non dénuée d’agrément, et il finit par lever la tête et considérer l’incomparable beauté de celle qui dormait, inconnue, à ses côtés.

Il s’appuya donc du coude sur les coussins et, oubliant en un instant l’aversion qu’il avait jusque-là éprouvée pour le sexe, il se mit à détailler avec des yeux charmés les perfections de la jeune fille. Il la compara d’abord en son âme à une belle citadelle surmontée d’une coupole, puis à une perle, puis à la rose : car il ne pouvait du premier coup faire des comparaisons bien justes, vu qu’il s’était toujours refusé à regarder les femmes et qu’il était fort ignorant de leurs formes et de leurs grâces. Mais il ne tarda pas à remarquer que sa dernière comparaison était la plus juste et l’avant-dernière la plus vraie ; quant à la première, il en sourit bien vite.

Donc Kamaralzamân se pencha sur la rose et sentit que le parfum de sa chair était délicieux, et tellement qu’il promena son nez sur toute sa surface. Or, cela lui fut si agréable qu’il se dit : « Si je la touchais, pour voir ! » Et il promena ses doigts sur tous les contours de la perle et constata que cet attouchement lui mettait le feu au corps et provoquait en lui des mouvements et des battements, selon telles ou telles parties de son individu ; si bien qu’il éprouva violemment le besoin de donner libre cours à cet instinct de nature si spontané. Et il s’écria : « Tout arrive avec la volonté d’Allah ! » Et il se disposa à la copulation.

Donc il prit la jeune fille, tout en pensant : « C’est