Alors Maïmouna s’approcha de Kamaralzamân endormi, et se pencha sur ses lèvres et les baisa doucement ; puis elle lui caressa le front et, la main dans ses cheveux, elle dit en le regardant :
« Ô corps clair où les rameaux ont mis leur souplesse et les jasmins leur bouquet, quel corps de vierge vaudrait ta senteur ?
« Yeux où le diamant a mis sa lumière et la nuit ses étoiles, quels yeux de femme égaleraient votre feu ?
« Baiser plus doux de sa bouche que le miel aromatique, quel féminin baiser atteindrait ta fraîcheur ?
« Ô ! caresser ta chevelure et tressaillir de toute ma chair sur ta chair, puis voir dans tes yeux se lever les étoiles ! »
Lorsque l’éfrit Dahnasch eut entendu ces vers de Maïmouna, il s’extasia à la limite de l’extase, puis se convulsa à la limite de la convulsion, tant pour rendre hommage au talent de l’éfrita que pour exprimer son émotion de ces rythmes si justes ; mais il ne tarda pas à s’approcher à son tour de son amie Boudour pour se pencher sur ses seins nus et délicatement y déposer une caresse ; et, inspiré de ses charmes, il dit en la regardant :
« Les myrtes de Damas, ô jeune fille, m’exaltent l’âme quand ils sourient ; mais ta beauté…
« Les roses de Baghdad, de clair de lune et de rosée nourries, me grisent l’âme quand elles sourient ; mais tes lèvres nues…