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les mille nuits et une nuit

manquait en son milieu de ce qui faisait l’ornement de l’adolescent, elle le remplaçait avantageusement par les deux tétines merveilleuses qui attestaient son sexe succulent.

Elle dit donc à Dahnasch : « Je vois qu’il est permis d’hésiter un instant sur la préférence à accorder à l’un ou à l’autre de nos amis ; mais il faut être aveugle ou insensé, comme tu l’es, pour ne pas convenir qu’entre deux jeunes gens également beaux, dont l’un est mâle et l’autre femelle, le mâle l’emporte sur la femelle ! Qu’en dis-tu, ô maudit ? » Mais Dahnasch répondit : « Pour ma part, je sais ce que je sais et je vois ce que je vois, et le temps ne me ferait pas croire le contraire de ce que mon œil a vu ! Mais, ô ma maîtresse, si tout de même tu tenais à ce que je mentisse, je mentirais pour te faire plaisir ! »

Lorsque l’éfrita Maïmouna eut entendu ces paroles de Dahnasch, elle fut prise d’une telle fureur qu’elle éclata de rire. Et pensant qu’elle ne pourrait jamais, par le moyen d’un simple examen, tomber d’accord avec l’entêté Dahnasch, elle lui dit : « Il y a peut-être moyen de savoir qui de nous deux a raison, c’est de recourir à notre inspiration ! Celui qui dira les plus beaux vers à la louange de son préféré, aura certainement la vérité de son côté ! Y consens-tu ? Ou bien n’es-tu pas capable de cette subtilité propre aux délicats seulement ? » Mais l’éfrit Dahnasch s’écria : « C’est justement, ô ma maîtresse, ce que je voulais te proposer ! Car mon père Schamhourasch m’a enseigné les règles des constructions poétiques et l’art des vers légers aux rythmes parfaits. Mais à toi d’abord la priorité, ô charmante Maïmouna ! »