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histoire de karamalzamân avec boudour
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l’espace comme un javelot et ne tarda pas à revenir, au bout d’une heure, chargé de son fardeau.

Or, la princesse endormie sur les épaules de Dahnasch n’avait sur elle que la chemise, et son corps palpitait dans sa blancheur. Et sur les larges manches de cette chemise, tramée de fils d’or et de soie multicolore, étaient brodés ces vers qui s’entrelaçaient agréablement :

Trois choses l’empêchent d’accorder aux humains un regard qui dise « oui » : la crainte de l’inconnu, l’horreur du connu et sa beauté !

Alors Maïmouna dit à Dahnasch : « Il me semble que tu as dû t’amuser en route avec cette jeune fille, car tu es en retard, et il ne faut pas une heure de temps aux bons éfrits pour aller du pays de Khaledân au fond de la Chine et revenir par le plus droit chemin ! Soit ! mais hâte-toi d’étendre cette petite aux côtés de mon ami pour que nous fassions notre examen ! » Et l’éfrit Dahnasch, avec des précautions infinies, déposa doucement la princesse sur le lit, et lui enleva sa chemise.

Or, en vérité, l’adolescente était fort belle et telle que l’avait dépeinte l’éfrit Dahnasch. Et Maïmouna put constater que la ressemblance des deux jeunes gens était si parfaite qu’on les eût pris pour deux jumeaux, et qu’ils ne différaient seulement que par leur milieu et leur fondement ; mais c’était le même visage de lune, la même taille délicate et la même croupe arrondie et pleine de richesse ; et elle put également se rendre compte que si la jeune fille