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les mille nuits et une nuit

Alors Maïmouna dit à l’éfrit Dahnasch : « Ne bouge plus ! et surtout sois convenable ! » Puis elle s’approcha de l’adolescent endormi et souleva le drap qui le couvrait en ce moment. Et elle se tourna du côté de Dahnasch et lui dit : « Regarde, ô maudit ! Et fais attention de ne pas tomber tout de ton long ! » Et Dahnasch avança la tête et recula stupéfait ; puis il allongea de nouveau le cou et inspecta longuement le visage et le corps du bel adolescent ; après quoi il hocha la tête et dit : « Ô ma maîtresse Maïmouna, je vois maintenant que tu es fort excusable de penser que ton ami est incomparable en beauté ; car, en vérité, je n’ai jamais vu autant de perfections dans un corps d’adolescent ; et tu sais que je connais les plus beaux parmi les fils des humains. Mais, ô Maïmouna, le moule qui l’a fabriqué ne s’est cassé qu’après avoir donné un échantillon femelle ; et c’est justement la princesse Boudour ! »

À ces paroles, Maïmouna fondit sur Dahnasch et lui asséna sur la tête un coup d’aile qui lui cassa une corne, et lui cria : « Ô le plus vil d’entre les éfrits, je te somme d’aller sur l’heure à ce pays du roi Ghaïour, au palais de Sett Boudour, et de transporter de là-bas la princesse jusqu’ici ; car je ne veux pas me déranger en t’accompagnant chez cette petite. Une fois que tu l’auras portée ici, nous la ferons coucher à côté de mon jeune ami, et nous comparerons avec nos propres yeux. Et reviens vite, Dahnasch, ou je te mets le corps en lambeaux et te jette en pâture aux hyènes et aux corbeaux ! » Alors l’éfrit Dahnasch ramassa sa corne qui gisait et, lamentable, s’en alla en se grattant le derrière. Puis il traversa