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histoire de karamalzamân avec boudour
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bien que j’hésite fort à croire qu’il puisse égaler la beauté de ma princesse ! » Alors Maïmouna lui cria : « Veux-tu te taire, maudit ! Je te répète que mon ami est si beau que, si tu le voyais, fût-ce en rêve, tu tomberais en épilepsie et tu baverais comme un chameau ! » Et Dahnasch demanda : « Mais où est-il donc et qui peut-il être ? » Maïmouna dit : « Ô coquin, sache qu’il est dans le même cas que ta princesse, et il est enfermé dans la vieille tour au bas de laquelle j’ai ma demeure souterraine. Mais ne va pas te flatter de l’espoir de le contempler sans moi ; car je connais ta turpitude et je ne te confierais même pas la garde d’un cul de santon ! Pourtant je veux bien consentir à te le montrer moi-même pour avoir ton opinion, tout en te prévenant que si tu avais l’audace de mentir, en parlant contre la réalité de ce que tu vas voir, je t’arracherais les yeux et ferais de toi le plus misérable des éfrits ! De plus j’entends bien que tu me payes une forte gageure si mon ami se trouve être plus beau que ta princesse ; et, pour être juste, je consens aussi à t’en payer une si c’est le contraire ! » Et Dahnasch s’écria : « J’accepte la condition. Viens donc avec moi voir El-Sett Boudour, dans le pays de son père, le roi Ghaïour ! » Mais Maïmouna dit : « C’est plus vite fait d’aller à la tour, qui est là sous nos pieds, pour juger d’abord de la beauté de mon ami ; après nous comparerons ! » Alors Dahnasch répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Et aussitôt tous deux descendirent en ligne droite du haut des airs jusqu’au sommet de la tour et pénétrèrent, par la fenêtre, dans la chambre de Kamaralzamân.