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les mille nuits et une nuit

pouvaient en rendre le séjour encore plus charmant, soignant, par exemple, et surtout, la beauté des pièces d’eau et des jardins.

« Et c’est dans ces palais que, pour distraire sa fille Boudour, il la fit habiter, mais une année seulement dans chaque palais, pour qu’elle n’eût pas le temps de s’en lasser et que le plaisir succédât sans fatigue au plaisir.

« Aussi la beauté de l’adolescente, au milieu de toutes ces belles choses, ne pouvait que s’affiner et parvenir enfin à l’état suprême qui m’a charmé !

« De telle sorte qu’il ne faudrait point t’étonner, ô Maïmouna, si je te disais que tous les rois, voisins des états du roi Ghaïour, désiraient ardemment obtenir en mariage l’adolescente aux fastueuses fesses. Mais je dois me hâter, pourtant, de te rassurer sur sa virginité, car jusqu’à présent elle a refusé avec horreur les propositions que son père lui transmettait ; et chaque fois, pour toute réponse, elle se contentait de lui dire : « Je suis ma propre reine et ma seule maîtresse ! Comment souffrirais-je voir un homme froisser un corps qui tolère à peine le contact des soieries ? »

« Et le roi Ghaïour, qui eût préféré mourir plutôt que de contrarier Boudour, ne trouvait rien à répliquer ; et il était obligé de décliner les demandes des rois, ses voisins, et des princes qui venaient à cette fin dans son royaume du plus profond lointain ! Et même un jour qu’un jeune roi, plus beau et plus puissant que les autres, s’était présenté avec, avant son arrivée, beaucoup de cadeaux préparatoires, le roi Ghaïour en parla à Boudour qui, indignée cette fois,